Crise de l’immobilier : comment relancer la production de crédits en 2023 ?

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Tout le secteur de l’immobilier souffre de la hausse des taux d’emprunt, mais aussi des règles d’octroi trop restrictives qui empêchent des foyers pourtant solvables de concrétiser leur désir d’acheter un logement. Les annonces promises par le gouvernement visant à endiguer cette crise du logement sont attendues début juin. Une seule mesure a pour l’heure été confirmée : le prêt à taux zéro ou PTZ est prolongé en 2024. De leur côté, les professionnels ont émis des solutions qui permettraient de débloquer quelque peu l’accès au crédit immobilier.

Normes d’octroi du crédit immobilier : davantage de souplesse

Le Haut Conseil de Stabilité Financière encadre la distribution des crédits immobiliers depuis janvier 2020. Ces règles sont devenues juridiquement opposables aux banques depuis janvier 2022 :

  • Le taux d’endettement ou taux d’effort est plafonné à 35% des revenus nets avant impôt, assurance de prêt immobilier comprise.

  • La durée de remboursement est limitée à 25 ans, voire 27 ans en cas d’achat dans le neuf (VEFA) ou dans l’ancien avec lourds travaux de rénovation (au moins 25% du montant de l’opération).

Les banques ont la possibilité de déroger aux règles du HCSF à hauteur de 20% de leur production trimestrielle de crédits immobiliers, cette flexibilité étant destinée pour un minimum de 80% à l’acquisition de la résidence principale, dont 30% de primo-accession.

Augmenter la marge de flexibilité

Selon les données de la Banque de France, les banques commerciales n’utilisent que 14,5% de cette souplesse. Un excès de prudence qui nuit aux primo-accédants, déjà bloqués par des critères renforcés en matière d’apport personnel et d’épargne de précaution. Le ministre du Logement Olivier Klein invite les établissements de crédit à utiliser toute l’étendue de la marge de manœuvre dont ils disposent et d’être souples sur certains dossiers sans mettre en péril l’équilibre financier du ménage.

Emprunter jusqu’à 30 ans pour l’achat de la résidence principale

Certains professionnels réclament de porter la durée maximale des prêts immobiliers à 30 ans pour les projets d’acquisition de la résidence principale, qui concernent en priorité les primo-accédants. L’usage de l’allongement des durées permettrait de contenir le taux d’endettement des ménages, la contrepartie étant toutefois l’augmentation du taux d’intérêts. Ces deux facteurs renchérissent le coût global du crédit.

Aujourd’hui, la primo-accession, en grande partie constituée de jeunes salariés ayant des revenus stables, peine à accéder au crédit et pèse sur le marché locatif.

Rappelons que les règles d’octroi du HCSF ont été mises en place pour éviter un endettement excessif des ménages. Jusqu’à fin 2019, il était possible de s’endetter sur 30 ans. Avant la norme, 2,1% des crédits immobiliers affichaient une durée de plus de 25 ans, contre 0,3% actuellement (données Observatoire Crédit Logement/CSA).

Mesurer le reste à vivre

Dans l’encadrement rigoureux du crédit immobilier, le régulateur occulte le reste à vivre, un indicateur pourtant essentiel pour les banques, qui mesure le niveau de ressources disponible pour payer les dépenses du quotidien, une fois que le ménage a remboursé ses mensualités de crédit.

Il est clair que la notion de reste à vivre doit être prise en compte, car un endettement à 35% n’est pas le même impact sur un profil au Smic ou à 10 000€ par mois. Un ménage disposant de revenus confortables pourrait très bien afficher un taux d’effort supérieur à la norme tout en conservant un niveau de vie parfaitement décent, sans trop pénaliser son budget.

Il serait judicieux de laisser les banques faire leur métier, qui consiste notamment à accorder des crédits immobiliers selon la prudence dont elles ont toujours fait preuve. En France, le défaut de paiement est minime, en grande partie parce que les prêts immobiliers sont octroyés à taux fixe dans le respect de la capacité d’endettement de l’emprunteur.

Changer le mode de calcul du taux d’endettement

L’investissement locatif est le grand perdant des normes d’octroi des crédits immobiliers. Depuis 2021, le HCSF interdit en effet aux banques de calculer le taux d’endettement selon la méthode différentielle qui permet de déduire les revenus locatifs de la mensualité de crédit, après pondération (généralement 30% de leur montant). Il impose désormais la méthode conventionnelle qui consiste à ajouter les loyers pondérés aux revenus du ménage, ce qui augmente mathématiquement le taux d’endettement.

Même en cas de reste à vivre suffisant, le plafond de verre des 35% d’endettement est dépassé, surtout si le ménage rembourse déjà un crédit sur la résidence principale.

Le gouvernement semble oublier que le marché du locatif est détenu à 60% par les investisseurs privés. En leur fermant l’accès au crédit par une vision dogmatique du calcul du taux d’effort, il est en partie responsable des fortes tensions que subit le marché de la location immobilière.

Sortir l’assurance emprunteur du TAEG

La révision trimestrielle des taux d’usure a montré ses limites avec la remontée rapide et brutale des taux d’intérêts depuis le printemps 2022. Décidée tardivement en janvier 2023, la mensualisation du taux d’usure a des effets réduits sur l’accès au crédit immobilier, sans compter qu’elle contribue à l’augmentation plus rapide des taux d’intérêts. Ces derniers restent toutefois inférieurs au niveau de l’inflation (5,9% sur un an à fin avril 2023). S’endetter aujourd’hui est donc une bonne opération comptable, nonobstant les dépenses du quotidien frappées de plein fouet par l'augmentation de l'indice des prix.

Pour éviter l’effet ciseau qui prend en tenailles les emprunteurs entre la remontée des taux d’emprunt et le niveau trop faible des taux d’usure, certains courtiers réclament depuis plusieurs années déjà de sortir l’assurance emprunteur du TAEG pour rester sous l’usure.

Deuxième dépense après celui des intérêts, le coût de l’assurance dépend de facteurs inhérents à l’emprunteur (âge, santé, profession, fumeur ou non-fumeur, pratique d’un sport à risques). Certaines banques dissocient les garanties obligatoires (décès et PTIA) des garanties facultatives (incapacité et invalidité), ce qui leur permet d’extraire du calcul du TAEG une bonne partie du coût total de l’assurance de prêt.

Cette pratique ne permet pas de comparer objectivement les offres de prêt et peut orienter les emprunteurs vers une proposition plus onéreuse. Elle contribue par ailleurs à abaisser artificiellement les TAEG moyens qui servent au calcul de l’usure, accélérant de fait le phénomène d’érosion des taux légaux et l’effet ciseau qui s’ensuit. Raison pour laquelle certains courtiers souhaitent que l’assurance de prêt soit officiellement évincée du TAEG.

En un an, les candidats à l’achat immobilier ont perdu 20% de capacité d’emprunt et surtout, bon nombre d’entre eux se voient refuser l’accès au crédit pour cause de critères devenus obsolètes et inadaptés au contexte actuel. La production de crédits immobiliers chute de 40% en avril 2023 sur un an. Les solutions avancées plus haut seront peut-être discutées lors de la prochaine réunion du HCSF courant juin, mais il semble prématuré de parier sur un assouplissement des critères d’octroi en 2023.

Rédigé par Astrid Cousin | Publié le 30/05/2023 | Modifié le 31/05/2023

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La double limite qui touche le taux d’endettement (35% des revenus nets, assurance de prêt incluse) et la durée de remboursement (25 ans) est juridiquement imposée aux banques, qui ne peuvent s’en affranchir qu’à la marge, et à destination en grande partie de la primo-accession et de l’achat de la résidence principale. La règle relative à l'investissement locatif entrave également la fluidité du marché immobilier en interdisant le calcul du taux d’effort selon la méthode différentielle, plus favorable aux investisseurs que la formule classique. Les restrictions imposées par le HCSF sont perçues comme un élément supplémentaire qui bloque la reprise attendue dans le secteur. Ces dernières semaines, le débat autour du HCSF a été ravivé par une proposition de loi présentée par le député Renaissance Lionel Causse, avec le soutien du ministère de l’Économie. 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Hausse de la participation forfaitaire en mai 2024 : qui est exonéré ?

À compter du 15 mai 2024, le montant de la participation forfaitaire passe de 1€ à 2€. Après le doublement des franchises médicales en avril sur les médicaments et les transports sanitaires, cette mesure augmente d’autant plus le reste à charge des assurés que ces frais ne sont pas remboursés par les mutuelles santé. Certains patients sont toutefois exemptés et certaines situations d’exonération s’appliquent quel que soit le statut de l'assuré. Voici en détails qui paie et qui ne paie pas la participation forfaitaire sur les consultations médicales. Doublement de la participation forfaitaire Annoncée pour juin 2024, la hausse de la participation forfaitaire se met en place à partir du 15 mai prochain. Les assurés paieront désormais 2€ au lieu de 1€ sur chaque consultation médicale. La participation forfaitaire est une somme qui reste intégralement à la charge de chaque assuré, elle n’est donc pas remboursée par l’Assurance maladie ni par la complémentaire santé. Sur quels actes s’applique la participation forfaitaire ? Elle s’applique quel que soit le médecin consulté (secteur 1 ou 2, généraliste ou spécialiste), que vous respectiez ou non le parcours de soins coordonnés. Peu importe le lieu où se déroule la consultation (cabinet, domicile du patient, dispensaire, centre de soins, urgences à l’hôpital).  Elle concerne également les examens radiologiques et les analyses de biologie médicale. Qui paie la participation forfaitaire ? Tout le monde doit s’acquitter de la participation forfaitaire. Même dans les situations suivantes, vous devez la régler : Vous souffrez d’une maladie de longue durée (diabète, cancer, VIH, etc.). Vous êtes en arrêt de travail pour maladie. Vous avez été placé en incapacité permanente suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle. Vous touchez une rente d’invalidité. Vous êtes retraité. Vous êtes dans les 5 premiers mois de grossesse (sauf pour actes médicaux qui relèvent des examens obligatoires). Quel est le plafond de la participation forfaitaire ? La participation forfaitaire est retenue sur chaque acte ou consultation. Si vous consultez plusieurs médecins au cours de la même journée ou que le même médecin réalise plusieurs actes au cours d’une même séance, la participation forfaitaire de 2€ s’applique sur chaque acte dans la limite de 4€ par jour. La participation forfaitaire est défalquée des remboursements ultérieurs de l'Assurance maladie. Elle n'est pas prise en charge par les organismes complémentaires dans le cadre de la mutuelle responsable. Le montant maximal est fixé à 50€ par an et par patient, et s’ajoute l’autre plafond de 50€ relatif à la franchise médicale, soit un coût maximal de 100€ par an qui peut pénaliser les patients les moins aisés déjà durement touchés par la maladie. Qui ne paie pas la participation forfaitaire ? Il existe pourtant des cas où la participation forfaitaire ne s’applique pas. L’exonération concerne certains patients et certaines situations permettent d’être exempté. Les exceptions particulières Les assurés suivants n’ont pas à payer la participation forfaitaire : les enfants et les jeunes de moins de 18 ans les femmes enceintes entre le 1er jour du 6ème mois et le 12ème jour suivant la date de l’accouchement les bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS) et l’Aide Médicale de l’État (AME) les titulaires d’une pension militaire d’invalidité ou les victimes de guerre pour les soins délivrés gratuitement par l’État en lien avec l’infirmité donnant lieu à pension. les victimes d’un acte de terrorisme pour tous leurs frais de santé. Les exonérations pour tous Aucune participation forfaitaire n’est à payer dans les situations suivantes : les consultations chez le chirurgien-dentiste les soins pratiqués par une sage-femme les soins pratiqués par un auxiliaire médical (infirmier/infirmière, masseur-kinésithérapeute, orthophoniste, orthoptiste) une hospitalisation les actes de dépistage du cancer du sein les examens et consultations dans un centre de dépistage anonyme et gratuit du Sida les actes de dépistage de l’amiante les consultations et soins dans une structure psychiatrique sectorisée sans hébergement les consultations d’expertise médicale. Frein à l’accès aux soins Après la hausse historique des tarifs de mutuelle santé en 2024 (jusqu’à +30% sur la mutuelle senior), le doublement des franchises médicales et de la participation forfaitaire est un coup dur pour les personnes dotés de revenus modestes. Les résultats d’un sondage Ifop de mars 2024 pour le FHF (Fédération Hospitalière de France) montrent que l’accès aux soins devient de plus en plus difficile. Au-delà du temps d’attente pour obtenir un rendez-vous, de la surcharge des services d’urgences et de la dégradation de l’offre de soins, les raisons économiques poussent certaines personnes à renoncer à se soigner. Au cours des 5 dernières années, plus de 6 Français sur 10 ont déjà renoncé à au moins un acte de soin, et dans plus de 40% des cas, les difficultés financières en sont la cause.

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Crédit immobilier : l’illégale pression des banques en assurance emprunteur

Alors qu'on assiste à une timide embellie du marché immobilier grâce à la baisse des taux d’intérêts depuis début 2024, les banques en profitent pour optimiser leurs marges en imposant leur assurance emprunteur malgré le droit au libre choix du contrat. La délégation est en perte de vitesse au profit de la substitution, comme le constate le courtier Magnolia.fr. La seule alternative offerte aux emprunteurs est en effet de faire valoir la loi Lemoine et changer de contrat dans un deuxième temps pour payer leur assurance au juste prix. Libre choix de l’assurance emprunteur : un droit bafoué par les banques Depuis septembre 2010 et l’introduction de la loi Lagarde, tout emprunteur est libre de choisir l’assurance qui va couvrir son prêt immobilier. Un principe fondamental encore et toujours bafoué par les banques, qui n’ont de cesse d’imposer leur contrat groupe au détriment de l’intérêt financier des consommateurs. Une assurance déléguée auprès d’un prestataire externe coûte jusqu’à 60% moins cher que la formule bancaire. La relance du marché immobilier ces dernières semaines, portée par des taux en baisse, ouvre l’appétit des banques. Si elles ont à cœur de prêter à nouveau après le marasme de l’année 2023 (-40% de production de crédits immobiliers), elles continuent leurs pratiques abusives en matière d’assurance emprunteur, au premier rang desquelles opérer le passage en force de leur contrat maison qui génère des marges pouvant aller jusqu’à 70%. Le marché de l’assurance emprunteur totalise entre 8 et 10 milliards d’euros chaque année, une rente captée à plus de 80% par les bancassureurs.  La substitution d’assurance de prêt immobilier en forte hausse depuis mars 2024 Chez Magnolia.fr, nous observons depuis mars une forte recrudescence des demandes de délégation, non pas en première intention, mais après la signature de l’offre de prêt. Cela illustre les difficultés des emprunteurs à exercer leur libre choix du contrat lors de la demande de prêt. Quasiment plus aucun prêt immobilier n’est accordé sans la souscription à l’assurance bancaire. Après la peur du gendarme, voici venue la peur du banquier. Cette tendance intervient en parallèle d'un redressement du marché immobilier. Entre décembre 2023 et mars 2024, la production de crédits à l'habitat a fait un bond spectaculaire de plus de 50% par rapport à la même période un an plus tôt. Le sursaut s'est produit en février-mars avec le reflux significatif des taux d'intérêts : ils ont perdu environ 50 points de base en un trimestre, ce qui témoigne de l'amélioration des conditions monétaires, génératrice d'une forte concurrence inter-bancaire. Les marges perdues d'un côté doivent être récupérées de l'autre. La loi Lemoine oblitère la loi Lagarde La loi Lagarde est en perte de vitesse, le fait n’est pas nouveau depuis l’entrée en application de la loi Lemoine pour tous en septembre 2022. Si elle donne un coup de griffe au monopole des banques, elle rend ces dernières plus pugnaces dans la captation de clients d’entrée de jeu, dans le but de maximiser les gains sur ce produit ultra juteux. Peut-on parler d’effet boomerang ? La loi Lemoine est une grande avancée pour les droits des emprunteurs. En supprimant la date d’échéance pour pouvoir changer de contrat, elle facilite la démarche et permet à chacun d’accéder à une assurance de qualité au juste prix. Le revers de la médaille est la persistance de la malignité de banques à essayer de contourner tout dispositif réglementaire visant une plus large concurrence dans le but de conserver leurs indécentes parts de marché sur ce produit contraint pour l’emprunteur.