Crédit immobilier et Smic : la capacité d'emprunt a doublée en 10 ans

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Le pouvoir d'achat immobilier des salariés au Smic s'est considérablement amélioré durant la dernière décennie. Une étude du courtier Vousfinancer évalue la capacité d'emprunt dans les 20 plus grandes villes de France. Par rapport à 2011, une personne qui touche le salaire minimum peut emprunter 52% en plus. Obtenir un financement immobilier quand on est au Smic reste pourtant une gageure malgré l'assouplissement récent des règles d'octroi. 

Pouvoir d'achat immobilier en hausse de +52%

Sur la base d'une mensualité équivalente à 33% du Smic, pour un crédit immobilier au taux de 1,45% (hors assurance et coûts des sûretés) et remboursé sur 25 ans, la capacité d'emprunt d'une personne avec le salaire minimum a progressé de 52% entre 2011 et 2020, passant de 67 021€ à 102 173€. Sur 10 ans, 35 152€ ont été gagnés pour financer un projet immobilier. 

En 2011, le Smic brut était à 9€ de l'heure, est monté à 10,15€ en 2020 et a été revalorisé à 10,25€ depuis janvier 2021. Depuis 2011, le salaire minimum permet de gagner 159€ supplémentaires par mois. Si la hausse est significative (14% sur 10 ans), elle se heurte à celle des prix des logements sur la décennie passée (au-delà de 50% dans certaines grandes métropoles). Mais pour la première fois, il est théoriquement possible d'emprunter plus de 100 000€ en étant payé au Smic afin de concrétiser un projet immobilier. 

Baisse très nette des taux d'intérêt

L'amélioration du pouvoir d'achat immobilier tient plus au niveau des taux d'intérêt qu'à la revalorisation du Smic depuis 2011. En dix ans, les taux d'emprunt brut ont quasiment été divisés par trois, passant de 4% à 1,45% pour un tel niveau de ressources, avec un apport personnel de 10% de l'opération et sur une durée de remboursement maximale de 25 ans. 

En respectant le seuil de l'endettement à 33%, plafond autorisé par le régulateur depuis la mise en place des nouvelles règles d'octroi, un emprunteur touchant le salaire minimum peut acquérir un logement d'une valeur légèrement supérieure à 100 000€, ce qui relève de l'exploit au regard des prix immobiliers dans les plus grandes villes de France, sauf si le crédit est complété par un prêt aidé comme le PTZ. 

Un pouvoir d'achat très disparate

À salaire identique, en l'occurrence le Smic, tous les emprunteurs ne sont pas égaux face à l'hétérogénéité du marché immobilier français. Sur la base des données de prix de Meilleurs Agents, n°1 des prix de l'immobilier et de l'estimation en ligne, le courtier estime la surface finançable avec un Smic dans les 20 plus grandes communes de France

Impossible de s'offrir un logement à Paris en gagnant le Smic : avec un tel niveau de revenus, et selon les règles d'octroi en vigueur, il est tout juste possible de financer 10m2 ! Rappelons que Paris est la ville la plus chère de France avec un mètre carré moyen à plus de 10 000€. 

En régions, on double au moins la surface, jusqu'à la multiplier par dix à Saint-Étienne, ville où l'on peut acquérir un logement de 97m2 en gagnant tout juste le Smic. Le tableau ci-dessous synthétise les disparités du pouvoir d’achat immobilier selon la ville :

  Pouvoir d’achat immobilier en 2011 (en m2) Pouvoir d’achat immobilier en 2020 (en m2) Évolution des prix sur 10 ans Évolution du pouvoir d’achat
Paris 8,3 10 29% 18%
Lyon 20,2 21 49% 2%
Bordeaux 24,9 23 65% -8%
Nice 18,7 23 23% 24%
Rennes 29,2 29 54% -1%
Nantes 28,4 29 48% 3%
Toulouse 29,4 30 48% 3%
Lille 26,5 32 28% 19%
Strasbourg 25,9 32 22% 25%
Montpellier 26,6 34 19% 28%
Marseille 23,8 34 5% 45%
Toulon 28,8 39 11% 37%
Angers 34,8 41 28% 19%
Grenoble 28,2 42 2% 49%
Dijon 32,6 44 14% 34%
Reims 32,6 46 9% 40%
Nîmes 32,1 52 -6% 62%
Le Havre 37,4 56 3% 48%
Le Mans 45,8 73 -5% 60%
Saint-Étienne 51,3 97 -20% 90%

Les banques toujours frileuses à financer les plus modestes

Malgré un assouplissement des conditions d'octroi depuis janvier 2021, les banques restent très prudentes quand il s'agit de prêter aux candidats au Smic. Fin 2020, le Haut Conseil de Stabilité Financière a décidé de rehausser le taux d'effort à 35% des revenus nets contre 33% en 2020, et d'autoriser les durées de prêts jusqu’à 27 ans en cas de différé de remboursement (travaux, achat dans le neuf). 

Si la solvabilité se joue à ces deux points supplémentaires sur le taux d'endettement, qui devraient mathématiquement aider certains candidats recalés en 2020 à réaliser leur projet d'achat immobilier, les établissements exigent davantage de garanties :

  • un apport personnel suffisant (au bas mot 10%) ;
  • une épargne de précaution ou résiduelle pour financer les frais de co-propriété ;
  • un reste à vivre décent (750€ pour un célibataire, 1 300€ pour un couple, 250€ par enfant à charge) ;
  • un saut de charge nul ou minime (écart entre les charges de loyer et la mensualité de crédit). 

Le contexte économique n'aide pas les banques à lâcher du lest. Certaines restent figées sur les consignes édictées en 2020, et n'ont pas encore modifié le taux d'endettement maximal. Les emprunteurs au Smic qui réussissent à décrocher un prêt immobilier sont en grande majorité en couple (double salaire) et cochent toutes les cases des garanties (apport, épargne). 

Rappelons que le taux d'endettement maximum se jauge à l'aune du TAEG (Taux Annuel Effectif Global), taux qui agrège tous les coûts liés à l'obtention d'un crédit immobilier, dont l'assurance emprunteur. Cette garantie incompressible pour décrocher une offre de prêt représente le deuxième poste de dépense après les intérêts d'emprunt. Pour minimiser le coût de l'assurance, faites appel à un courtier spécialisé comme Magnolia.fr. Notre comparateur évalue les meilleures offres du marché et vous aide à sélectionner le contrat adapté à votre profil et à votre projet, qui vous fera économiser jusqu'à 15 000€ sur la durée totale de votre emprunt. 

Rédigé par Astrid Cousin | Publié le 19/01/2021 | Modifié le 04/10/2022

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La double limite qui touche le taux d’endettement (35% des revenus nets, assurance de prêt incluse) et la durée de remboursement (25 ans) est juridiquement imposée aux banques, qui ne peuvent s’en affranchir qu’à la marge, et à destination en grande partie de la primo-accession et de l’achat de la résidence principale. La règle relative à l'investissement locatif entrave également la fluidité du marché immobilier en interdisant le calcul du taux d’effort selon la méthode différentielle, plus favorable aux investisseurs que la formule classique. Les restrictions imposées par le HCSF sont perçues comme un élément supplémentaire qui bloque la reprise attendue dans le secteur. Ces dernières semaines, le débat autour du HCSF a été ravivé par une proposition de loi présentée par le député Renaissance Lionel Causse, avec le soutien du ministère de l’Économie. 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Hausse de la participation forfaitaire en mai 2024 : qui est exonéré ?

À compter du 15 mai 2024, le montant de la participation forfaitaire passe de 1€ à 2€. Après le doublement des franchises médicales en avril sur les médicaments et les transports sanitaires, cette mesure augmente d’autant plus le reste à charge des assurés que ces frais ne sont pas remboursés par les mutuelles santé. Certains patients sont toutefois exemptés et certaines situations d’exonération s’appliquent quel que soit le statut de l'assuré. Voici en détails qui paie et qui ne paie pas la participation forfaitaire sur les consultations médicales. Doublement de la participation forfaitaire Annoncée pour juin 2024, la hausse de la participation forfaitaire se met en place à partir du 15 mai prochain. Les assurés paieront désormais 2€ au lieu de 1€ sur chaque consultation médicale. La participation forfaitaire est une somme qui reste intégralement à la charge de chaque assuré, elle n’est donc pas remboursée par l’Assurance maladie ni par la complémentaire santé. Sur quels actes s’applique la participation forfaitaire ? Elle s’applique quel que soit le médecin consulté (secteur 1 ou 2, généraliste ou spécialiste), que vous respectiez ou non le parcours de soins coordonnés. Peu importe le lieu où se déroule la consultation (cabinet, domicile du patient, dispensaire, centre de soins, urgences à l’hôpital).  Elle concerne également les examens radiologiques et les analyses de biologie médicale. Qui paie la participation forfaitaire ? Tout le monde doit s’acquitter de la participation forfaitaire. Même dans les situations suivantes, vous devez la régler : Vous souffrez d’une maladie de longue durée (diabète, cancer, VIH, etc.). Vous êtes en arrêt de travail pour maladie. Vous avez été placé en incapacité permanente suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle. Vous touchez une rente d’invalidité. Vous êtes retraité. Vous êtes dans les 5 premiers mois de grossesse (sauf pour actes médicaux qui relèvent des examens obligatoires). Quel est le plafond de la participation forfaitaire ? La participation forfaitaire est retenue sur chaque acte ou consultation. Si vous consultez plusieurs médecins au cours de la même journée ou que le même médecin réalise plusieurs actes au cours d’une même séance, la participation forfaitaire de 2€ s’applique sur chaque acte dans la limite de 4€ par jour. La participation forfaitaire est défalquée des remboursements ultérieurs de l'Assurance maladie. Elle n'est pas prise en charge par les organismes complémentaires dans le cadre de la mutuelle responsable. Le montant maximal est fixé à 50€ par an et par patient, et s’ajoute l’autre plafond de 50€ relatif à la franchise médicale, soit un coût maximal de 100€ par an qui peut pénaliser les patients les moins aisés déjà durement touchés par la maladie. Qui ne paie pas la participation forfaitaire ? Il existe pourtant des cas où la participation forfaitaire ne s’applique pas. L’exonération concerne certains patients et certaines situations permettent d’être exempté. Les exceptions particulières Les assurés suivants n’ont pas à payer la participation forfaitaire : les enfants et les jeunes de moins de 18 ans les femmes enceintes entre le 1er jour du 6ème mois et le 12ème jour suivant la date de l’accouchement les bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS) et l’Aide Médicale de l’État (AME) les titulaires d’une pension militaire d’invalidité ou les victimes de guerre pour les soins délivrés gratuitement par l’État en lien avec l’infirmité donnant lieu à pension. les victimes d’un acte de terrorisme pour tous leurs frais de santé. Les exonérations pour tous Aucune participation forfaitaire n’est à payer dans les situations suivantes : les consultations chez le chirurgien-dentiste les soins pratiqués par une sage-femme les soins pratiqués par un auxiliaire médical (infirmier/infirmière, masseur-kinésithérapeute, orthophoniste, orthoptiste) une hospitalisation les actes de dépistage du cancer du sein les examens et consultations dans un centre de dépistage anonyme et gratuit du Sida les actes de dépistage de l’amiante les consultations et soins dans une structure psychiatrique sectorisée sans hébergement les consultations d’expertise médicale. Frein à l’accès aux soins Après la hausse historique des tarifs de mutuelle santé en 2024 (jusqu’à +30% sur la mutuelle senior), le doublement des franchises médicales et de la participation forfaitaire est un coup dur pour les personnes dotés de revenus modestes. Les résultats d’un sondage Ifop de mars 2024 pour le FHF (Fédération Hospitalière de France) montrent que l’accès aux soins devient de plus en plus difficile. Au-delà du temps d’attente pour obtenir un rendez-vous, de la surcharge des services d’urgences et de la dégradation de l’offre de soins, les raisons économiques poussent certaines personnes à renoncer à se soigner. Au cours des 5 dernières années, plus de 6 Français sur 10 ont déjà renoncé à au moins un acte de soin, et dans plus de 40% des cas, les difficultés financières en sont la cause.

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Crédit immobilier : l’illégale pression des banques en assurance emprunteur

Alors qu'on assiste à une timide embellie du marché immobilier grâce à la baisse des taux d’intérêts depuis début 2024, les banques en profitent pour optimiser leurs marges en imposant leur assurance emprunteur malgré le droit au libre choix du contrat. La délégation est en perte de vitesse au profit de la substitution, comme le constate le courtier Magnolia.fr. La seule alternative offerte aux emprunteurs est en effet de faire valoir la loi Lemoine et changer de contrat dans un deuxième temps pour payer leur assurance au juste prix. Libre choix de l’assurance emprunteur : un droit bafoué par les banques Depuis septembre 2010 et l’introduction de la loi Lagarde, tout emprunteur est libre de choisir l’assurance qui va couvrir son prêt immobilier. Un principe fondamental encore et toujours bafoué par les banques, qui n’ont de cesse d’imposer leur contrat groupe au détriment de l’intérêt financier des consommateurs. Une assurance déléguée auprès d’un prestataire externe coûte jusqu’à 60% moins cher que la formule bancaire. La relance du marché immobilier ces dernières semaines, portée par des taux en baisse, ouvre l’appétit des banques. Si elles ont à cœur de prêter à nouveau après le marasme de l’année 2023 (-40% de production de crédits immobiliers), elles continuent leurs pratiques abusives en matière d’assurance emprunteur, au premier rang desquelles opérer le passage en force de leur contrat maison qui génère des marges pouvant aller jusqu’à 70%. Le marché de l’assurance emprunteur totalise entre 8 et 10 milliards d’euros chaque année, une rente captée à plus de 80% par les bancassureurs.  La substitution d’assurance de prêt immobilier en forte hausse depuis mars 2024 Chez Magnolia.fr, nous observons depuis mars une forte recrudescence des demandes de délégation, non pas en première intention, mais après la signature de l’offre de prêt. Cela illustre les difficultés des emprunteurs à exercer leur libre choix du contrat lors de la demande de prêt. Quasiment plus aucun prêt immobilier n’est accordé sans la souscription à l’assurance bancaire. Après la peur du gendarme, voici venue la peur du banquier. Cette tendance intervient en parallèle d'un redressement du marché immobilier. Entre décembre 2023 et mars 2024, la production de crédits à l'habitat a fait un bond spectaculaire de plus de 50% par rapport à la même période un an plus tôt. Le sursaut s'est produit en février-mars avec le reflux significatif des taux d'intérêts : ils ont perdu environ 50 points de base en un trimestre, ce qui témoigne de l'amélioration des conditions monétaires, génératrice d'une forte concurrence inter-bancaire. Les marges perdues d'un côté doivent être récupérées de l'autre. La loi Lemoine oblitère la loi Lagarde La loi Lagarde est en perte de vitesse, le fait n’est pas nouveau depuis l’entrée en application de la loi Lemoine pour tous en septembre 2022. Si elle donne un coup de griffe au monopole des banques, elle rend ces dernières plus pugnaces dans la captation de clients d’entrée de jeu, dans le but de maximiser les gains sur ce produit ultra juteux. Peut-on parler d’effet boomerang ? La loi Lemoine est une grande avancée pour les droits des emprunteurs. En supprimant la date d’échéance pour pouvoir changer de contrat, elle facilite la démarche et permet à chacun d’accéder à une assurance de qualité au juste prix. Le revers de la médaille est la persistance de la malignité de banques à essayer de contourner tout dispositif réglementaire visant une plus large concurrence dans le but de conserver leurs indécentes parts de marché sur ce produit contraint pour l’emprunteur.