Prêt professionnel : faut-il une assurance emprunteur ?

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Les commerçants, artisans, chefs d'entreprise, professions libérales ou encore exploitants agricoles peuvent être amenés à contracter un prêt pour démarrer ou financer leur activité, acheter des locaux, des terrains, du matériel ou reprendre une entreprise. La banque va réclamer la souscription à une assurance emprunteur, une protection indispensable pour sécuriser le prêt, qui peut être assortie d'exclusions liées à la profession exercée.

Les règles du prêt professionnel

Le prêt professionnel est destiné à financer tout type de biens, immobiliers (terrain, local, bureau, etc.) comme mobiliers (véhicules, équipement, matériel informatique, etc.) ou des actifs incorporels (fonds de commerce, droit au bail, droit d'entrée dans une franchise, brevets, etc.) en lien avec l'activité professionnelle d'une personne physique ou d'un organisme. Il peut être contracté pour réaliser les investissements nécessaires au démarrage d'une activité ou à son développement. Le prêt bancaire professionnel peut aussi aider au financement en trésorerie.

Le prêt pro fonctionne comme un crédit classique accordé à un particulier, être à taux fixe ou à taux variable, et faire l'objet de report d'échéances ou être remboursé par anticipation. Le taux d'intérêt est généralement plus élevé (environ 20 à 40 points supérieurs). La durée de remboursement n'excède guère 15 ans pour un financement d'actifs immobiliers, et est limitée cinq ans pour des actifs corporels compte tenu de leur durée d'amortissement.

L'analyse de la demande de prêt va porter sur la santé de l'entreprise et non sur les bulletins de salaire du professionnel. L'ancienneté de l'entreprise est également un bon indicateur et va permettre de rassurer la banque quant aux risques de défaillance potentiels.

Les garanties d'un prêt pro

Pour accorder un prêt professionnel, la banque exige des garanties sur le modèle des crédits aux particuliers : caution, privilège du prêteur de deniers, hypothèque, nantissement. L'hypothèque est rarement demandée dans le cadre d'un prêt pro car elle implique d'offrir un bien immobilier en garantie. Il lui est préféré le nantissement de biens, une sûreté réelle qui porte sur un fonds de commerce, des parts sociales, des valeurs mobilières, et s'accompagne généralement d'un nantissement de matériel.

La caution, personnelle ou solidaire, est aussi une garantie pouvant être réclamée par le prêteur. Attention à la caution personnelle qui engage le conjoint si l'emprunteur est marié sous le régime de la communauté. Le plus souvent, les banques exigent le cautionnement par un organisme spécialisé, appelé organisme de caution mutuelle ; les plus connus sont BPIFrance, Saccef et Siagi.

Les spécificités du prêt pro

L'emprunteur étant considéré comme un professionnel, il n'a pas droit aux protections légales appliquées aux emprunteurs particuliers. Les professionnels souscrivant un emprunt ne bénéficient pas de la réglementation régissant les crédits immobiliers ou à la consommation distribués aux particuliers :

  • pas de délai de réflexion de 10 jours (crédit immobilier) ou 14 jours (prêt conso) à compter de la réception de l'offre de prêt.

Si le prêt pro finance un achat immobilier, la vente est nécessairement conclue sous la conclusion suspensive d'obtention du prêt

Pour les autres types de financement, dès lors qu'un professionnel achète et emprunte pour des besoins professionnels, c'est le code civil qui fait force de loi et notamment l'article 1134 qui stipule que "les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites". En clair, ce sont les termes du contrat de vente qui font foi. Le contrat peut donc contenir une clause suspensive qui définit les droits et obligations de chacune des parties, et subordonne la vente à l'obtention du prêt concerné.

L'assurance emprunteur : l'autre garantie d'un prêt pro

Comme pour le crédit aux particuliers, l'assurance emprunteur n'est pas une obligation légale mais en pratique, elle sera toujours exigée par la banque pour sécuriser les sommes prêtées. Seuls les prêts pro d'un montant n'excédant pas 10 000€ voire 15 000€ n'ont pas besoin d'être couverts par une assurance.

Au-delà, l'obtention du financement est subordonnée à la souscription d'un contrat d'assurance de prêt pro. En cas d'évènements comme le décès prématuré ou un arrêt de travail de l'emprunteur, l'assurance prend le relai pour rembourser à la banque tout ou partie des mensualités.

Avant d'aborder les caractéristiques d'une assurance emprunteur prêt professionnel, signalons que les intérêts de ce type de prêt, ainsi que les primes d'assurance, sont déductibles du résultat fiscal imposable de l'entreprise (sauf pour les auto-entrepreneurs), ce qui va permettre de minorer l'impôt sur les sociétés.

Les garanties de l'assurance de prêt pro

Comme pour l'assurance de prêt aux particuliers, l'assurance de prêt professionnel comprend des garanties obligatoires et des garanties facultatives. En cas d'emprunteur unique, la quotité d'assurance est obligatoirement de 100% ; en présence de deux ou plusieurs co-emprunteurs, l'assurance peut couvrir chaque personne à 100% ou au prorata (50/50 ou 40/60 par exemple), la somme des quotités devant toujours atteindre au minimum 100%.

La banque va réclamer une garantie décès-invalidité qui entre en jeu en cas de décès ou de perte totale et irréversible d'autonomie (PTIA). À cette couverture socle, sera ajoutée une garantie incapacité temporaire de travail (ITT) qui intervient en cas d'arrêt de travail pour maladie ou accident. Dans la première situation, l'assurance rembourse le capital restant dû, dans la seconde, le remboursement des mensualités est assuré temporairement, de manière partielle ou totale, selon les termes du contrat et la quotité assurée.

Les garanties invalidité et incapacité (ITT, Invalidité Permanente Totale et Invalidité Permanente Partielle) peuvent être assorties, moyennant une surprime, d'une couverture de certaines pathologies, appelées maladies non objectivables (MNO), à savoir les affections physiques et psychiques considérées comme non quantifiables par les professionnels de santé : affections disco-vertébrales, troubles psychiques et psychiatriques, fatigue chronique ou épuisement professionnel (burn-out).

Les exclusions de garantie

L'emprunteur pro qui a souffert ou souffre d'une MNO doit obligatoirement la déclarer dans le questionnaire de santé. Étant considéré comme un profil à risques aggravés, l'assureur lui proposera une surprime ou une clause d'exclusion. En cas de survenance d'une MNO en cours de prêt, sans antécédent, il conviendra de vérifier les clauses d'exclusion inscrites au contrat, car les MNO ne sont pas couvertes sauf rachat d'exclusion.

Les exclusions peuvent être liées à la profession exercée. Un restaurateur, un chirurgien, un dentiste ou toute autre profession de santé a besoin de l'usage de ses mains, raison pour laquelle la pratique d'un sport à risque n'est pas couverte par l'assurance emprunteur.

Le libre choix de l'assurance de prêt pro

À l'instar de tout emprunteur particulier, le professionnel peut choisir librement l'assurance qui va couvrir son prêt. La banque va systématiquement proposer son assurance groupe, mais depuis la loi Lagarde, chaque emprunteur peut faire jouer la concurrence et souscrire un contrat externe à garanties au moins équivalentes. Les offres déléguées sont bien souvent moins chères que les contrats bancaires, tout en apportant des garanties sur-mesure.

Le changement d'assurance en cours de prêt pro est également possible via la la loi Hamon (durant la première année) ou l'amendement Bourquin (au-delà de la première échéance), à la triple condition que :

  1. le prêt finance l'achat d'un bien immobilier à usage mixte (habitation + activité professionnelle comme dans le cas d'un cabinet médical avec appartement au-dessus) ;
  2. le prêt est souscrit par une personne physique et non par une personne morale ;
  3. l'équivalence de garanties doit être respectée.
Depuis le 1er juin 2022, il est possible de résilier un contrat d’assurance de prêt immobilier à tout moment et sans frais grâce à la loi Lemoine. Les réglementations Hamon et Bourquin deviennent caduques et sont remplacées par ce dispositif unique introduit par cette réforme d’envergure. Le changement d’assurance à tout moment s’appliquera à toutes les personnes détentrices d’un crédit immobilier à compter du 1er septembre 2022. L’équivalence de niveau de garanties reste un préalable à l’acceptation de la banque d’une assurance déléguée.

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Rédigé par Astrid Cousin | Publié le 15/10/2021 | Modifié le 21/06/2022

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Hausse de la participation forfaitaire en mai 2024 : qui est exonéré ?

À compter du 15 mai 2024, le montant de la participation forfaitaire passe de 1€ à 2€. Après le doublement des franchises médicales en avril sur les médicaments et les transports sanitaires, cette mesure augmente d’autant plus le reste à charge des assurés que ces frais ne sont pas remboursés par les mutuelles santé. Certains patients sont toutefois exemptés et certaines situations d’exonération s’appliquent quel que soit le statut de l'assuré. Voici en détails qui paie et qui ne paie pas la participation forfaitaire sur les consultations médicales. Doublement de la participation forfaitaire Annoncée pour juin 2024, la hausse de la participation forfaitaire se met en place à partir du 15 mai prochain. Les assurés paieront désormais 2€ au lieu de 1€ sur chaque consultation médicale. La participation forfaitaire est une somme qui reste intégralement à la charge de chaque assuré, elle n’est donc pas remboursée par l’Assurance maladie ni par la complémentaire santé. Sur quels actes s’applique la participation forfaitaire ? Elle s’applique quel que soit le médecin consulté (secteur 1 ou 2, généraliste ou spécialiste), que vous respectiez ou non le parcours de soins coordonnés. Peu importe le lieu où se déroule la consultation (cabinet, domicile du patient, dispensaire, centre de soins, urgences à l’hôpital).  Elle concerne également les examens radiologiques et les analyses de biologie médicale. Qui paie la participation forfaitaire ? Tout le monde doit s’acquitter de la participation forfaitaire. Même dans les situations suivantes, vous devez la régler : Vous souffrez d’une maladie de longue durée (diabète, cancer, VIH, etc.). Vous êtes en arrêt de travail pour maladie. Vous avez été placé en incapacité permanente suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle. Vous touchez une rente d’invalidité. Vous êtes retraité. Vous êtes dans les 5 premiers mois de grossesse (sauf pour actes médicaux qui relèvent des examens obligatoires). Quel est le plafond de la participation forfaitaire ? La participation forfaitaire est retenue sur chaque acte ou consultation. Si vous consultez plusieurs médecins au cours de la même journée ou que le même médecin réalise plusieurs actes au cours d’une même séance, la participation forfaitaire de 2€ s’applique sur chaque acte dans la limite de 4€ par jour. La participation forfaitaire est défalquée des remboursements ultérieurs de l'Assurance maladie. Elle n'est pas prise en charge par les organismes complémentaires dans le cadre de la mutuelle responsable. Le montant maximal est fixé à 50€ par an et par patient, et s’ajoute l’autre plafond de 50€ relatif à la franchise médicale, soit un coût maximal de 100€ par an qui peut pénaliser les patients les moins aisés déjà durement touchés par la maladie. Qui ne paie pas la participation forfaitaire ? Il existe pourtant des cas où la participation forfaitaire ne s’applique pas. L’exonération concerne certains patients et certaines situations permettent d’être exempté. Les exceptions particulières Les assurés suivants n’ont pas à payer la participation forfaitaire : les enfants et les jeunes de moins de 18 ans les femmes enceintes entre le 1er jour du 6ème mois et le 12ème jour suivant la date de l’accouchement les bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS) et l’Aide Médicale de l’État (AME) les titulaires d’une pension militaire d’invalidité ou les victimes de guerre pour les soins délivrés gratuitement par l’État en lien avec l’infirmité donnant lieu à pension. les victimes d’un acte de terrorisme pour tous leurs frais de santé. Les exonérations pour tous Aucune participation forfaitaire n’est à payer dans les situations suivantes : les consultations chez le chirurgien-dentiste les soins pratiqués par une sage-femme les soins pratiqués par un auxiliaire médical (infirmier/infirmière, masseur-kinésithérapeute, orthophoniste, orthoptiste) une hospitalisation les actes de dépistage du cancer du sein les examens et consultations dans un centre de dépistage anonyme et gratuit du Sida les actes de dépistage de l’amiante les consultations et soins dans une structure psychiatrique sectorisée sans hébergement les consultations d’expertise médicale. Frein à l’accès aux soins Après la hausse historique des tarifs de mutuelle santé en 2024 (jusqu’à +30% sur la mutuelle senior), le doublement des franchises médicales et de la participation forfaitaire est un coup dur pour les personnes dotés de revenus modestes. Les résultats d’un sondage Ifop de mars 2024 pour le FHF (Fédération Hospitalière de France) montrent que l’accès aux soins devient de plus en plus difficile. Au-delà du temps d’attente pour obtenir un rendez-vous, de la surcharge des services d’urgences et de la dégradation de l’offre de soins, les raisons économiques poussent certaines personnes à renoncer à se soigner. Au cours des 5 dernières années, plus de 6 Français sur 10 ont déjà renoncé à au moins un acte de soin, et dans plus de 40% des cas, les difficultés financières en sont la cause.

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Crédit immobilier : l’illégale pression des banques en assurance emprunteur

Alors qu'on assiste à une timide embellie du marché immobilier grâce à la baisse des taux d’intérêts depuis début 2024, les banques en profitent pour optimiser leurs marges en imposant leur assurance emprunteur malgré le droit au libre choix du contrat. La délégation est en perte de vitesse au profit de la substitution, comme le constate le courtier Magnolia.fr. La seule alternative offerte aux emprunteurs est en effet de faire valoir la loi Lemoine et changer de contrat dans un deuxième temps pour payer leur assurance au juste prix. Libre choix de l’assurance emprunteur : un droit bafoué par les banques Depuis septembre 2010 et l’introduction de la loi Lagarde, tout emprunteur est libre de choisir l’assurance qui va couvrir son prêt immobilier. Un principe fondamental encore et toujours bafoué par les banques, qui n’ont de cesse d’imposer leur contrat groupe au détriment de l’intérêt financier des consommateurs. Une assurance déléguée auprès d’un prestataire externe coûte jusqu’à 60% moins cher que la formule bancaire. La relance du marché immobilier ces dernières semaines, portée par des taux en baisse, ouvre l’appétit des banques. Si elles ont à cœur de prêter à nouveau après le marasme de l’année 2023 (-40% de production de crédits immobiliers), elles continuent leurs pratiques abusives en matière d’assurance emprunteur, au premier rang desquelles opérer le passage en force de leur contrat maison qui génère des marges pouvant aller jusqu’à 70%. Le marché de l’assurance emprunteur totalise entre 8 et 10 milliards d’euros chaque année, une rente captée à plus de 80% par les bancassureurs.  La substitution d’assurance de prêt immobilier en forte hausse depuis mars 2024 Chez Magnolia.fr, nous observons depuis mars une forte recrudescence des demandes de délégation, non pas en première intention, mais après la signature de l’offre de prêt. Cela illustre les difficultés des emprunteurs à exercer leur libre choix du contrat lors de la demande de prêt. Quasiment plus aucun prêt immobilier n’est accordé sans la souscription à l’assurance bancaire. Après la peur du gendarme, voici venue la peur du banquier. Cette tendance intervient en parallèle d'un redressement du marché immobilier. Entre décembre 2023 et mars 2024, la production de crédits à l'habitat a fait un bond spectaculaire de plus de 50% par rapport à la même période un an plus tôt. Le sursaut s'est produit en février-mars avec le reflux significatif des taux d'intérêts : ils ont perdu environ 50 points de base en un trimestre, ce qui témoigne de l'amélioration des conditions monétaires, génératrice d'une forte concurrence inter-bancaire. Les marges perdues d'un côté doivent être récupérées de l'autre. La loi Lemoine oblitère la loi Lagarde La loi Lagarde est en perte de vitesse, le fait n’est pas nouveau depuis l’entrée en application de la loi Lemoine pour tous en septembre 2022. Si elle donne un coup de griffe au monopole des banques, elle rend ces dernières plus pugnaces dans la captation de clients d’entrée de jeu, dans le but de maximiser les gains sur ce produit ultra juteux. Peut-on parler d’effet boomerang ? La loi Lemoine est une grande avancée pour les droits des emprunteurs. En supprimant la date d’échéance pour pouvoir changer de contrat, elle facilite la démarche et permet à chacun d’accéder à une assurance de qualité au juste prix. Le revers de la médaille est la persistance de la malignité de banques à essayer de contourner tout dispositif réglementaire visant une plus large concurrence dans le but de conserver leurs indécentes parts de marché sur ce produit contraint pour l’emprunteur.